La misère des uns est un fonds de commerce pour les autres

Y a-t-il de la part des gouvernements du monde une réelle volonté politique de réduire les souffrances ? Pas forcément, car la souffrance et la misère des autres sont parfois un fonds de commerce dans la mesure où elles constituent souvent dans certains pays dits « en voie de développement  » un vivier inépuisable de promesses électoralistes. En effet, dans des pays où l’obscurantisme politique fertilise la crédulité et où les arguments de la force ont plus voix au chapitre que la force des arguments, les politiques (politicards, diraient-on) usent et abusent du discours démagogique. Pourtant, certaines des situations causes de souffrances sont bien à la portée des hommes postmodernes que nous sommes.

Le monde dit postmoderne dans lequel nous vivons est essentiellement régi par l’économie de marché, elle-même soumise à la loi de l’offre et de la demande. Ainsi les deux valeurs essentielles du marché capitalistique sont la production et la consommation. En effet, contrairement à l’économie traditionnelle de subsistance sur laquelle pèse la menace de la disette, l’économie technologique  est toujours sous tension et menacée de déclin par sa surproduction. Il lui faut toujours plus de marchés pour écouler la surabondance de ses produits. La logique consumériste est donc le pendant de la logique utilitariste : si l’on ne produit pas, l’on est au moins utile parce que l’on consomme la production des autres. De ce fait, certaines populations (certaines parties du monde) sont considérées essentiellement en termes de débouchées, c’est-à-dire de marché où écouler la surproduction industrielle.